Rdv sur le square de la liberté samedi 1er juillet 2017 à 18h30 pour la proclamation des résultats :

 

 

DOUZIÈME DICTÉE NOIRE

ADULTES

Pour l’exemple

J’ai vingt ans et je vais mourir demain.

Nous sommes partis, un matin d’août, pour une guerre qu’on nous avait assuré être courte. Nos généraux se faisaient fort de remporter la victoire.  Nous avons vite déchanté.

Combien d’épreuves avons-nous endurées ? Vivre dans les tranchées, d’abord, dans le froid, la boue, l’odeur des latrines empuanties, le martèlement de la canonnade et les vivres raréfiés, contingentés.  Puis  les ordres, contrordres, incohérents : on nous lançait dans un gymkhana absurde  pour conquérir quelques mètres de terrain, que l’ennemi, dès le lendemain, reprendrait, au prix de combien de morts ! Et l’armistice tant attendu qui reculait chaque jour !

Alors, nous avons fait volte-face(volteface), nous avons refusé d’obéir. Au conseil de guerre, nous nous sommes  entendu condamner à mort. Pourquoi les autres ont-ils été graciés, et pas moi ? Est-ce que je paie mon statut de pacifiste ? Demain je serai fusillé.

Alors, je passe et je repasse ma vie au petit tamis de ma mémoire. Dans le kaléidoscope des images, seuls les bons moments reviennent : les promenades en garrigue, dans l’odeur du thym, et de la sarriette ; le dimanche, quand on allait à la plage dans une carriole bringuebalante. Et les vendanges ! Quand la journée était finie, on revenait  à pied au village, c’était loin mais on s’en contrefichait !                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Tout à coup, une image que j’avais crue oubliée me revient : dans l’incandescence du soleil couchant, la silhouette des filles se détache. Elles se tiennent par la taille et marchent en chantant. Et nous, quelques pas en deçà, nous lorgnons leurs jambes hâlées et leurs chevelures défaites. Il y a deux lieues à faire pour arriver au village, nous sommes fatigués, moulus, mais heureux !                                                                                                                                       Ce que nous ne savons pas encore, c’est que ce bonheur sera  éphémère …

Demain, je vais mourir.

J’ai vingt ans et je ne verrai plus jamais le printemps.

 

DOUZIÈME DICTÉE NOIRE

JUNIORS

Ce texte fait allusion à ces soldats qui, en 1917, ont refusé de continuer à se battre. Plusieurs d’entre eux ont été fusillés « pour l’exemple », afin que les autres ne les imitent pas. C’était il y a cent ans.

 

Pour l’exemple

J’ai vingt ans et je vais mourir demain.

Nous sommes partis, un matin d’août, pour une guerre dont tout le monde disait qu’elle serait  très courte. Mais nous avons vite compris qu’il n’en serait rien.

Nous avons enduré des épreuves terribles. La vie dans les tranchées, d’abord, dans le froid, la boue, la vermine. Et  la peur, jour et nuit, et  la colère devant ces ordres stupides qui nous envoyaient combattre, pour quelques mètres de terrain que l’ennemi, dès le lendemain, reprendrait. Et cela au prix de combien de camarades blessés, défigurés, ou tués ! Le temps passait, et l’espoir d’un armistice reculait tous les jours.

Alors, j’ai refusé d’obéir. Le conseil de guerre m’a condamné à mort. Je serai fusillé demain.

Je passe et je repasse ma vie dans ma mémoire. Seuls les bons moments reviennent : les promenades dans la garrigue ensoleillée, les dimanches où notre vieille carriole nous emmenait à la plage, et les vendanges ! La journée finie, nous revenions à pied, en chantant, morts de fatigue mais  heureux …

Nous ne savions pas que ce bonheur durerait si peu.

Demain, je vais mourir.

J’ai vingt ans et je ne verrai plus jamais le printemps.

 

DOUZIÈME DICTÉE NOIRE

CADETS

Avoir vingt ans

Vous venez de faire un saut dans le temps, vous avez vingt ans ! Vous ne le croyez pas ? Mettez-vous devant un miroir et observez-vous : vous avez grandi, de vingt centimètres environ, et  vos épaules sont plus larges. Les vêtements que vous portez sont très bizarres, mais finalement ils vous vont bien, et vous vous regardez avec plaisir ! Mais quelle surprise ! Vous ne reconnaissez  plus la maison de vos parents, vous êtes tout seul dans un petit studio. Vous comprenez alors que vous êtes maintenant indépendant(s). Grande peur ? Grande joie ? Réveillez-vous, c’était un rêve !