Samedi 25 – Dictée noire : les textes sans faute

Ci dessous les 3 textes de la Dictée noire proposée par Line Cros et la Société laïque de lecture à l’occasion du 19e FIRN.

 

 

DICTÉE NOIRE 2016

 

Se rire de la mort ?

 

Depuis l’aube des temps, les hommes t’ont haïe, détestée, abhorrée. Camarde, faucheuse, fossoyeuse, ta hideuse figure hante nos cauchemars. Le glas aux résonances sépulcrales accompagne ton funèbre cortège de thanatopracteurs, de fossoyeurs, de croque-morts.

Tu es la mort, celle que nul ne vainc, celle que jamais, quoi qu’on dise, l’homme ne pourra fixement regarder, tant l’idée de son anéantissement le terrifie.
Combien de victimes as-tu déjà immolées ? Pendaison, électrocution, décollation, accident, suicide, tout est bon pour toi.

 

Mais tu aimes aussi, depuis la naissance de notre langue, tuer ses mots.

Que leur reproches-tu ? D’être malgracieux, malsonnants ? Non. Ils se sont vus taxés (vu taxer) d’obsolescence et des termes apparemment plus modernes les ont remplacés.

J’admets que fermer, entendre, convenir sont plus faciles à utiliser que clore, ouïr et seoir.  Mais même si le vieillard cacochyme, la jeune péronnelle ou le discours abscons ont un petit air suranné, ne sont-ils pas encore expressifs ? Et si l’on dit être « enchifrené », cela suscite plus de sympathie que d’être enrhumé !

Certes transformer les latrines pestilentielles  en sanisettes était pertinent, mais tu as osé t’attaquer à toi-même en faisant disparaître  « occire », à la consonance  pourtant bien rude.

 

Cependant le français ne sera jamais une langue morte. Regarde ! Des milliers de mots sont là, ils te rient au nez ! Pleins d’entrain et de vigueur,  ils rayonnent, ils exultent, ils jubilent.  Mieux : ils accueillent une myriade de petits nouveaux qui ont obtenu leur carte d’identité en entrant dans le dictionnaire et se sont fait l’écho de notre société : le crudivore s’empiffre de tomates coeurs-de-bœuf, l’entomophage savoure une assiette de vers de farine et le névropathe vapote pour déstresser.

Devant la faux dont tu les menaces, ces nouveaux venus s’esclaffent, se boyautent, se gondolent.

 

Alors, malgré tous tes efforts pour  les bâillonner, regarde-les, nos mots du français : bien vivants et morts de rire !

 

 

Texte de Line Cros

 

 

 

DICTÉE NOIRE 2016  JUNIORS

 

La mort et les mots

 

Les hommes ont toujours redouté la mort. Elle leur inspire épouvante et terreur, et dans leurs cauchemars, monstre sans yeux,  squelette sans cœur, elle  fauche impitoyablement tous ceux dont elle a décidé la fin.

Mais, depuis la naissance de notre langue, elle aime aussi tuer ses mots.

Que leur reproche-t-elle ? D’être désagréables à l’oreille, difficiles à prononcer ? Non. Juste d’être vieux, passés de mode, ringards, quoi…Certes, on peut admettre que le verbe tomber est plus facile à conjuguer que le verbe choir, mais pourquoi a-t-elle tué « clore », qu’elle a remplacé par « fermer »?

Cependant le français ne sera jamais une langue morte. Regardez ! Des milliers de mots sont là, pleins de vie, ils lui rient au nez. Mieux : ils accueillent toujours de petits nouveaux qui, chaque année, entrent dans le dictionnaire. Depuis vingt ans, les « internautes » peuvent «  surfer », se parler dans des « forums », « covoiturer » pour aller voir dans un « multiplexe » un film sur lequel ils ont « flashé ».

Dis, la mort, tu les as vus, ces mots tout neufs ? Ils se moquent de toi… Bien vivants et morts de rire !

Texte de Line Cros

 

 

DICTÉE NOIRE 2016 CADETS

 

 

Rire de la mort

 

 

Tout le monde a peur de la mort. Elle emporte des gens que nous aimons et nous savons qu’un jour, ce sera notre tour.

Mais il y a un bon moyen de ne plus avoir d’angoisse à cette pensée : le rire ! Pas le petit sourire timide, non. Il faut rire aux éclats, se tordre de rire, rire comme un fou, comme un bossu, comme une baleine. Quand vous riez  vous oubliez vos soucis,  vos peines. Et les autres autour de vous rigolent ! Plus de peur, tout le monde est…mort de rire !

Texte de Line Cros