Retour en images sur la 23e édition du FIRN

La 15e dictée noire du 23e édition du festival international du roman noir FIRN Frontignan

par Mme Line Cros de la société laïque de lecture

Un exemple de résilience

Il y a quelque quarante ans, Frontignan était au faîte de sa prospérité. Le muscat faisait ruisseler une substantielle aisance sur une ville bercée par le martèlement de ses usines.

La plus impressionnante était la raffinerie. Matin et soir, les quais de la gare s’animaient du va-et-vient de centaines d’ouvriers qui s’employaient à faire couler à flots le pétrole dans d’énormes conteneurs. Certes, des odeurs méphitiques venaient parfois jouer les rabat-joie et les eaux de l’étang prenaient des teintes iridescentes, mais la ville était riche et son économie prospère.

Hélas ! l’euphorie allait bientôt faire place à l’affliction.

Qui eût pu imaginer que les dirigeants des usines, obsédés par la rentabilité, en décréteraient le démantèlement ! Quoi qu’elle en eût, la ville vit tomber en ruine ses fleurons. La raffinerie même devint un simple dépôt d’hydrocarbures et son immense torchère, repère pour tous les arrivants, s’éteignit avant de s’effondrer. Le muscat, aussi, connaissait la défaveur et on vit disparaître les dégustations qui jalonnaient la route nationale. Abasourdis, hébétés, les Frontignanais regardaient leur ville se laisser ronger par la désespérance.

Mais c’était mal les connaître ! A contre-courant de la morosité ambiante, ils se sont mis à la remodeler.

Des friches industrielles qu’on eût cru définitivement perdues se sont remises à vivre. Sur les ruines de l’usine à soufre, s’élève déjà un écoquartier dominé par la silhouette élégante de la médiathèque Montaigne, et la friche ô combien taguée et squattée de la raffinerie abritera une gare multimodale.

Le muscat, moins sucré, sec, pétillant, est redevenu un des fleurons de l’économie locale et la période estivale peuple les plages de touristes court-vêtus.

Cinéma, aire des loisirs, complexe omnisports dynamisent la ville et les jeudi et samedi de chaque semaine, une foule de chalands se presse autour de halles lumineuses et spacieuses.

Alors, s’il fallait un exemple de résilience, eût-on pu trouver mieux que celle de Frontignan ?

Texte de Line Cros

NB : On acceptera « décrèteraient », « éco-quartier ».

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